Sa peau parcheminée
témoignait des années passées
sous le soleil du désert,
menant les troupeaux berbères.
Souvent loin de son village,
il ne vivait pas de pillages !
Il allait faire du marchandage
afin de vendre ses fromages.
Les quelques chêvres broutent
les buissons épineux
détruisant la croute
de ces arbustes noueux.
La sève maigre mais nourricière
suffira à gonfler leurs pis
et la soir d'une main altière
il tirera ce jus bénis.
Cette vie chiche mais saine
faisait vivre sa famille
mais point de femme sereine
pour lui donner des filles.
Son coeur était désert
Mais plus pour longtemps
Il rêvait à une bergère
Qu'il aimerait passionnément.
Un jour, il s'en alla
Par les dunes dorées
Ses bêtes cherchaient ça et là
Des broussailles à brouter.
Lui, scrutait l'horizon,
Cherchant à y lire l'avenir,
Y voyant une blonde toison
Et des yeux pleins de soupirs.
Soudain, il entendit un bruit
Venant du fond d'un puits.
Il tendit l'oreille et comprit
Quelqu'un avait besoin de lui.
En se penchant sur l'abîme
Il vit un visage sublime,
Qu'encadrait une anthracite chevelure,
Le supplier de le sortir de cette posture.
Aucune corde, aucune échelle
pour secourir la jouvencelle.
Réfléchir sans paniquer,
la solution est à trouver !
Il n'y en avait qu'une:
Sauter dans le puits !
C'est ce qu'il fit
Pour sauver la brune.
Agile comme un serpent
Il la tint d'un bras
Et en un instant
Dehors se retrouva.
Elle se mit à ses pieds
Et dit d'une voix de fée
"Ce que tu viens de faire
Est extraordinaire!
Tu es plus courageux
Qu'un prince du désert
Et bien plus généreux
Que les princes de la terre.
Tu m'as sauvée de ce trou noir
Sans même chercher à savoir
Pourquoi j'y étais.
C'est un rite de notre contrée:
On descend, à ses vingt ans
Une jeune fille dans un puits
Celui qui l'en sort devient son mari
Si personne ne vient, elle périt."
Le berger, déjà amoureux
Se sentit très heureux
Il la releva et lui offrit
Son coeur, sa vie et ses brebis.
coccinelle